Ramen tes drêches : les nouilles qui recyclent la bière

Sabrina Michée a fondé le projet Ramen tes drêches en 2018. L’idée originale est d’utiliser les restes du malt d’orge issus du brassage de la bière (les drêches) en les transformant en nouilles nutritives, intégrant les enjeux de l’alimentation durable.

Sabrina, quelle est l’histoire de Ramen tes drêches ?

Tout commence en 2017 lorsque je quitte mon emploi de Chargée de communication pour de de Grands Groupes internationaux. Amatrice de bières artisanales, je me rends à une journée porte ouverte de la brasserie BapBap. Je découvre alors les drêches. Je me dis qu’il y a une forme de gâchis mais aussi une opportunité pour l’humain en voyant les volumes générés ainsi que leur potentiel nutritionnel sous-exploitée en alimentation humaine.

Décembre 2017, à mon retour d’un périple de plusieurs mois à l’étranger, je commence à faire des pâtes avec des drêches à la maison. Un vrai défi puisque les drêches sont très fibreuses et le gluten déstructuré ne joue plus son rôle de liant. La nouille mettra beaucoup de temps et d’efforts avant de se laisser manier (sic.). Je les fais goûter au public pour la première fois à la Paris Beer Week, en juin 2018. Les nouilles et le projet plaisent mais nécessitent d’être approfondis, je décide de me lancer pour de bon. La création de Ramen tes drêches est officialisée en octobre de la même année.

Sabrina Michée - Ramen tes Drêches
Sabrina Michée « tisse » les nouilles de Ramen tes Drêches depuis 2018.

Ramen tes drêches a-t-il été récompensé ?

Mon projet est alors retenu pour intégrer le Food’Inn Lab, laboratoire d’innovation de l’école AgroParisTech. Nous avons travaillé sur la texture, la tenue, optimiser le procédé de fabrication, la recette et les apports nutritionnels. Je commence à vendre en petite quantité et obtiens des Prix dont le European Plant-Based Protein Awards 2019 (qui récompense les protéines végétales).

Après avoir finalisé ma recette, fin 2019, je suis prête à produire à plus grande échelle. En juillet 2020, l’équipe intègre son atelier de production à Romainville (93). Aujourd’hui, Juliette s’occupe de la partie Commerciale et événementielle, Théo est notre ingénieur Production et de la R&D. Le petit nouveau Julien, sera notre futur « Maître nouille pirate » et nous aidera à la production.

Un évènement a-t-il compté pour te lancer ?

En 2017, comme je l’ai déjà dit, je suis partie voyager plusieurs mois à la recherche d’un nouveau projet de vie plus proche de mes valeurs, pour trouver du sens et me faire plaisir. J’ai fait des treks dans l’Himalaya où je mangeais beaucoup de nouilles instantanées. Après j’ai fait du bénévolat auprès d’enfants des rues aux Philippines où le déséquilibre alimentaire est marquant.

J’avais toujours en tête cette « histoire de drêches ». Aussi à mon retour, j’ai vraiment eu envie d’être utile et de ré-utiliser ces céréales dans l’alimentation. Mon objectif était de recycler le maximum de drêches dans un aliment qui soit nourrissant, un plat du quotidien, simple et rassurant : des pâtes, et grâce aux inspirations de mes voyages, ce sera des nouilles.

Comment un aliment pour les animaux peut-il être manger par l’homme ?

Les drêches sont une nouvelle ressource alimentaire alternative saine et nutritive. Ce reste du malt d’orge contient un taux de protéines végétales et de fibres incroyables ainsi que des minéraux. Pour capitaliser sur ces protéines végétales, je les associe à la fève, une légumineuse. N’empêche, cuisiner céréale et légumineuse permet de créer des protéines végétales complètes comparables aux protéines animales. On retrouvera donc dans nos nouilles 16g de protéines complètes et plus de 20g de fibres indispensables à notre santé.

Travailler avec des drêches c’est fascinant et gourmand ! La nutrition et le recyclage d’un côté, les saveurs de l’autre (nos pâtes ont un subtil goût toasté, légèrement biscuité grâce au malt torréfié). Nos nouilles sont uniques dans ces différents aspects et se marient avec tout type de cuisine et bien sûr accompagnées d’une bonne bière.

Equipe Ramen tes drêches

Où trouvez-vous vos drêches et qui invente les recettes ?

Pour le moment, nous récupérons les drêches bio chez nos voisins brasseurs parisiens, la Brasserie de l’Être (19e) et la BapBap (11e). La première sauce qui accompagnait nos nouilles dans un sachet individuel avait été travaillée avec un chef cuisinier. Je me suis chargée des autres. Désormais, il y en a trois. La Blackbeard (sauce soja, huile de sésame toastée, graines de sésame, algues nori), la Bonny (beurre de cacahuète, citron, coriandre, gingembre) et la Read (pâte de miso, paprika fumé, ail noir).

Quels produits propose Ramen tes drêches ?

Nous proposons des sachets individuels façon plat complet comprenant 1 nid de nouille à cuire et une sauce maison au choix parmi nos trois recettes. Et un sachet familial avec des nids de nouilles à cuisiner selon ses goûts. La cuisson est rapide 4 min 30 dans une casserole d’eau bouillante. Nous diffusons nos nouilles en boutiques bio comme les Biocoop, mais aussi chez les cavistes et les épiceries de proximité… On les retrouve aussi en ligne sur MyCommunityBeer.

Tous les points de vente ici

Quels sont vos projets pour les prochains mois ?

Nous allons commercialiser notre farine de drêches intégrale qui pourra être intégrée dans les gâteaux, crêpes, pâte à pizza, pains, etc. Nous travaillons aussi sur un bouillon qui viendra compléter la gamme des sachets individuels.

Bonus

Le client : « Vous servez des nouilles ? »
Le serveur : « Nous servons tout le monde monsieur ».

Dernières brasseries ajoutées

La Beerouette

La naissance de la Beerouette, fondée par Gildas Béhue, à Bretteville-sur-Odon, près de Caen (14), est un rayon de soleil dans la morosité.

Brasserie Brew’meersch

Charles-Édouard Breemeersch a créé la pico-brasserie bio Brew’meersch à La Neuville Chant d’Oisel, près de Rouen-Boos (76), en 2021.

La Brasserie de l’Arbre

En février 2021, Jean Boisnard a fondé La Brasserie de l’Arbre, à Bagnoles-de-l’Orne, une région davantage associée au cidre et au poiré.

La Ferme des Chèvres Brasseuses

Marc et Sophie Burgerjon ont crée la Ferme des Chèvres Brasseuses dans l’exploitation familiale d’Authieux-du-Puits, prêt du Merlerault (61). Sophie brasse et Marc fabrique des fromages de chèvres.

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