« On essaye de brasser intelligemment et durablement »

La Brasserie Kerpiton produit des bières rurales issues de l’agriculture biologique, à Loyat, au cœur du Pays de Ploërmel. Installés dans l’ancienne ferme laitière familiale, Mathilde et Quentin valorisent le patrimoine paysan et le savoir-faire des agriculteurs bretons. 

Quelle est l’histoire de la Brasserie  ?

La Brasserie Kerpiton est notre projet de vie depuis 2017 dans le nord-est Morbihan, entre prairies et forêts… Quentin bosse à temps plein sur la brasserie et Mathilde gravite autour, mais elle a voulu gardé son boulot (formatrice en œnologie). On s’est installé dans l’ancienne ferme familiale, qui était alors abandonnée depuis 25 ans… Notre crédo : local ! local ! local ! C’est à dire des matières premières à 99,5 % originaires de moins de 100km à la ronde (le sucre pour la refermentation étant les 0,5 % restant…). Nous travaillons en agriculture biologique et sommes labellisés Brasserie Indépendante.

Kerpiton Quentin au brassage
Quentin Chillou est passé du « brassam » à celui de brasseur à temps complet en 2018.

Nous brassons 900 litres par brassin, en cuve normale et aussi en cuve sous pression (isobarométriques). Notre circuit favorise la vente directe de bouteilles de 75 et 33cl et la location de fûts de 20 litres. En 2020, nous avons brassé 265 hectolitres, donc on fait partie des petits ! En parallèle de la brasserie, nous menons des expérimentations en permaculture de houblon et petits fruits.

Quel a été le déclic qui vous a incité à tenter l’aventure ?

Pas vraiment de déclic mais une combinaison de facteurs… Marre des bullshit jobs (emplois à la con NDLR), l’envie d’être indépendant et l’amour de la bière (notamment pour Quentin qui était brassam). Notre brasserie porte le nom du petit hameau où nous sommes installés : 1 brasserie pour 5 maisons, un ratio satisfaisant.

Quelle est la gamme de Brasserie Kerpiton ?

Nous faisons dans le classique sur la gamme régulière : Pale ale, Wheat Ale, Irish Red et Brune au sarrasin. Deux ou trois fois par an, nous brassons des saisonnières en essayant de jouer le jeu de la saisonnalité des ingrédients. Tous les as, en septembre, nous avons une bière de récolte au houblon frais, par exemple. Nous élaborons les recettes ensemble sur le papier, en fonction de ce que l’on goûte à droite à gauche, et de l’évolution du marché. Nous faisons en général deux ou trois tests sur notre pilote de 14 litres, puis on « arrose » les copains et les clients et on voit comment ça réagit.

Pour la partie étiquette, les noms sont des références à notre univers qui est relativement varié voire dispersé. Un prof dirait dissipé ! Y’a de la culture pop, des références personnelles, des trucs totalement incompréhensibles mais vas-savoir pourquoi, c’est sorti de nos têtes un jour…

Brasserie Kerpiton et les poules

Qu’est-ce qui vous démarque de vos confrères ?

Notre réseau d’approvisionnement ultra local et notre style néo-plouc assumé. Plus sérieusement… on essaye de brasser intelligemment et durablement. Par exemple, on ne fait pas d’IPA à l’année car l’approvisionnement en houblon breton était compliqué jusque-là. Nos fleurs de houblons sont 100% bretonnes. Pour des bières aux fruits (ou autre chose), on réfléchit toujours par le prisme du local.

Cela a des gros avantages : on a des rapports directs avec tous nos fournisseurs, on connaît leur contraintes et leur marge de progression. De l’autre côté de la chaîne, on essaie de transmettre la même chose aux cavistes (qui sont la majeure partie de nos clients). Au bout de presque quatre ans, on a l’impression d’avoir créé un cercle vertueux depuis l’agriculteur jusqu’au consommateur.

Quels sont les projets de la Brasserie Kerpiton ?

On va se calmer un peu car depuis le début, on augmente tout doucement la capacité de production. On est dans une position où si on prend plus de clients, c’est rupture tous les mois. La priorité est de pérenniser les relations commerciales, surtout en ces temps compliqués.

On se questionne aussi toujours sur l’amélioration de la qualité de la bière. Le temps libre est consacré à comment bricoler un machin ou un truc pour faire en sorte que le petit zinzin fasse bien comme qu’on veut (bricoler est la vraie passion du brasseur). Niveau recette, nous expérimentons depuis l’année dernière le vieillissement en barrique. C’est un monde merveilleux… Mais il n’y a pas que ça, nous avons fabriqué un fumoir à malt que l’on compte bien mettre en œuvre. Et les produits de notre petit verger-houblonnière devraient débouler dans nos recettes cette année… On ne s’ennuie pas quoi !

« L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. À consommer avec modération ».

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