Brasseur par amour du houblon et de la petite reine

Depuis six mois, une nouvelle brasserie a pris la route. La Microbrasserie Dériv’Chaîne fondée par Kévin Beauquesne régale déjà les amateurs de houblons de Mondeville, près de Caen. Sa gamme est présente sur les marchés, chez des cavistes et des restaurateurs… à deux coups de pédales de son atelier, pas plus ! Produire local pour des consommateurs locaux.

Quelle est l’histoire de la Dériv’chaîne en deux mots ?

J’ai créé la brasserie, il y a quelques mois seulement, dans une dépendance que j’ai retapée au fond de mon jardin. Après 4 années de brassage comme amateur et une formation à la brasserie Duchmann de Chaumont en Vexin, en février 2021, je me suis lancé.

Kévin de la Dériv'chaîne
©jbphotographepro

Kévin veut produire local pour des consommateurs locaux. Je suis instituteur à mi-temps, passionné par le vélo et le brassage. Adepte du Do It Yourself, j’ai tout fais moi-même en auto financement intégral : aménagement de l’atelier ; installation de la thermorégulation, des circuits d’eau et de l’électricité. J’ai aussi récupéré des tanks à lait pour mes cuves empâtage et ébullition.

Mes bières sont plutôt orientées craft. Elles sont plutôt houblonnées, modernes et engagées localement, car je privilégie des fournisseurs locaux. Mes malts viennent de Normandie Malt, la malterie bio de Bayeux. Ma gamme est disponible seulement à l’échelle ultra locale (Caen et sa périphérie proche) et j’assure les livraisons quand c’est possible en vélo !

La brasserie est la partie émergée de l’iceberg puisque l’aboutissement de mon projet consisterait à créer un lieu unique constitué d’un atelier de réparation vélo et d’une brasserie (qui prendrait l’allure d’un café cyclo). J’ai répondu à l’appel à projet de la ville de Mondeville pour obtenir un local dans lequel un tel lieu pourrait voir le jour.

Quel déclic t’a incité à tenter l’aventure la Dériv’chaîne ?

Avant de nous installer en Normandie (Mondeville à deux coup de pédales de Caen) nous avons, avec ma famille, vécu à Paris plusieurs années pour le boulot. À la naissance de notre second enfant, nous nous sommes interrogés car nous avions besoin de nouveaux horizons professionnels et de renouveau.

J’avais aussi l’envie d’entreprendre, de créer un produit par moi-même. Ce besoin aussi de mettre un pied dans le monde de l’artisanat et de participer à la restructuration de nos nouvelles manières de consommer. L’idée de brasser de la bonne bière tout en partageant ma passion pour le vélo s’est imposée à moi. Comme je suis professeur des écoles à mi-temps dans une petite commune rurale, je peux brasser en dehors des cours.

Comment as-tu choisi le nom de la brasserie ?

L’aboutissement de mon projet est la création d’un lieu hybride constitué d’un atelier vélo collaboratif et d’une microbrasserie (type brewpub). J’ai donc cherché des noms pouvant évoquer à fois le monde de la bière et celui de la bicyclette. Le terme « dériv’ » évoque l’état de celui (et de celle) qui est un peu joyeux après avoir bu une bière. « Dérive chaîne » rappelle celui du monde du bricolage vélo.

Pour aller encore plus loin, Dériv’chaîne fait également le lien avec l’idée de se mettre en marge des « chaînes » de distribution plus classique (GMS) et de « dériver » de ce modèle économique à bout de souffle.

Bières de la Dériv'Chaîne.
La gamme permanente de la Dériv’Chaîne. ©jbphotographepro

Quelle est la gamme de la Dériv’chaîne ?

Pour l’instant, je brasse de petites quantités (environ 30 hecto par an). Ma gamme comprend quatre bières permanentes : la Petite Reine (British Golden Ale), la Beach Cruiser (Hoppy Weizen), la Drop’In (West Coast IPA) et la Compression (Amber Ale).

J’élabore toutes les recettes et choisis les styles en fonction de la demande, de ce que j’aime et de ce qui correspond le plus aux attentes des pratiquants de vélo : des bières légères, rafraichissantes et désaltérantes.

Le nom de mes bières est complètement inspiré du monde du cyclisme et de toutes ses disciplines : BMX, VTT, route, gravel, mountainbike… Mes étiquettes ont été réalisées par un copain graphiste.

Qu’est-ce qui démarque la Dériv’Chaîne de ses confrères ?

Je dirais peut-être une orientation un peu plus moderne et plus ancrée dans la mouvance craft beer plutôt qu’une position branchée terroir normand, produits de région (même si c’est important aussi). Mon histoire aussi avec un marketing originale utilisant l’ancrage du vélo dans le monde de la bière.

Kévin de la Dériv'chaîne
Pour le moment, Kévin brasse dans une dépendance qu’il a aménagée. ©jbphotographepro

En quoi avoir son propre pub serait un atout pour la Dériv’chaîne ?

Adosser ma brasserie à un atelier de réparation de vélo permettrait de nouer un lien plus important avec le consommateur, de lui expliquer le produit, sa fabrication, ses intentions. Cela permettrait aussi de réduire les couts logistiques évidemment (transport, prospection, démarchage des cavistes…). Enfin, cela permettrait de proposer d’autres types de produits dans l’établissement et dans mon cas, faire le lien avec la réparation vélo !

Quels sont tes projets pour les prochains mois ?

De continuer à prospecter et démarcher les restaurants, cavistes, épiceries, bars de l’agglo de Caen. De monter le dossier pour l’acquisition d’un local à Mondeville afind’y installer mes cuves et mes établis. Et enfin de développer une recette de brune pour l’hiver prochain !

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. À consommer avec modération.

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