Une apprentie sorcière, faiseuse de bières

Frédérique Adam a fondé sa pico-brasserie La P’tiote dans une ferme à Martin-Église (Thibermont), près de Dieppe (76) en Normandie. Avec ses bières, brassées désormais à Auquemesnil, cette ancienne banquière ne souhaite pas faire le casse du siècle mais bien faire partager l’esprit fédérateur et convivial de la bière. Tant mieux pour nous !

Première brasseuse de Normandie

Frédérique Adam, lassée par 14 ans de vie parisienne trépidante et par l’univers de la banque où elle était en charge de la gestion de fortune, décide de changer de vie. Elle veut faire un métier manuel tout en se rapprochant de la nature. Elle choisit Dieppe où réside ma famille.

Afin d’élargir son réseau, Frédérique adhère à l’association Culture en Brousse, qui organise le festival Théâtre en Brousse à Ouville-l’Abbaye (76). Après plusieurs festivals comme bénévole, elle prend conscience du pouvoir fédérateur et convivial de la bière. Comme la jeune femme recherche une reconversion professionnelle, elle s’interroge. Et pourquoi pas brasseuse se dit-elle ?

Frédérique fait un stage d’une semaine dans une brasserie bio dans l’Oise. C’est devant les marmites qu’elle a le déclic ! Frédérique Adam se sentait comme une apprentie sorcière faiseuse de bières… Elle devient dès-lors la première femme brasseuse en Normandie.

Repartir de zéro

Une première fois, de 2014 à 2017, Frédérique installe la P’tiote, sa pico-brasserie autofinancée à Thibermont, à 5km de Dieppe. Fin 2017, contrainte de déménager, elle choisi Auquemesnil et repart à zéro. Un vrai faux démarrage en somme. Mais Frédérique a de la ressource.

En février 2018, elle réamorce la pompe. Elle s’installe sur un terrain mis à sa disposition sur la ferme qui sert de QG au festival Culture en Brousse. Pour acquérir des algecos, elle a recours au financement participatif qui lui permet de collecter 6.000 euros. Une fois sa brasserie mise en place, elle reprend son activité. En plus des bouteilles de 75cl, Frédérique se lance dans les 33cl car cela lui permet de vendre aussi dans les magasins spécialisés. Aujourd’hui, la P’tiote a une capacité de 100 litres qu permet de brasser trois hectolitres par an au maximum.

Des stratégies pour compenser le manque de force

Frédérique travaille toute seule et vu la configuration de son installation, elle doit soulever au quotidien des charges tels que les sacs d’orges qui font la moitié de son poids ! Mais en tant que femme habituée à être seule, elle développe des stratégies pour compenser parfois le manque de force. Comme déplacer les sacs en plusieurs fois, pour arriver à le vider, par exemple. Cela lui demande peut-être un peu plus de temps mais au final, elle y arrive. Frédérique le martèle : la différence entre une brasseuse et un brasseur, c’est comme dans tous les métiers, la différence est juste d’être une femme.

Des recettes maisons élaborées seule

La P’tiote est le surnom que ses voisins lui ont donné lorsque Frédérique Adam est revenue dans la région de Dieppe. À prononcer avec l’accent picard. Elle a donc naturellement adopté ce nom pour sa gamme. Pour information, ses bières peuvent s’acheter avec l’Agnel, une Monnaie Locale Complémentaire, Citoyenne et Éthique en cours sur les régions de Rouen, Dieppe, Bernay et Évreux.

Frédérique élabore ses recettes toute seule. Actuellement, elle propose cinq bières permanentes : une Blonde Triple, une Blonde Bitter, une Red Ale, un Stout et une Blanche, qui représentent une amie, sa mamie et elle-même. Les bières ont le caractère des femmes représentées sur les étiquettes.

Elle brasse également des éphémères selon les saisons, les envies et ce qu’elle trouve derrière la brasserie, dans le potager des maraîchers, propriétaires de la ferme. C’est déjà un peu une différence par rapport à ses confrères. À porté de main quoi.

Frédérique a également brassé une Collab’ avec Sarah Morand de la Brasserie du Phare : une triple houblonnée baptisée « Avec Elles ». La recette était un mélange des malts de la Triple de Frédérique avec les houblons utilisés par Sarah pour produire son American Pale Ale. Comme le courant est hyper bien passé, une super amitié s’est créée et continue encore et encore entre elles !

La P’tiote sur les routes avec un bar ambulant

Frédérique Adam compare le métier de brasseuse à celui de boulangère car il existe beaucoup de points communs entre ces deux métiers. Elle avoue toutefois être plutôt baguette et tradition que pains spéciaux, comme certains. Frédérique s’adapte à sa clientèle qui était jusqu’ici habituée aux bières industrielles et au cidre. Elle essaie avec ses produits d’habituer gentiment leurs palais à la bière artisanale.

Et ça marche bien. C’est pourquoi, elle a investi et acheté des fûts légers de la marque Keykeg afin de développer son activité. Comme par ailleurs, elle a passé son permis d’exploitation et obtenu la dernière Licence III du Petit Caux, une commune proche de chez elle, Frédérique compte prendre le volant d’un bar ambulant pour se déplacer dans les hameaux à proximité de sa brasserie.

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. À consommer avec modération.

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