5 septembre 2025

L’histoire des Cottereaux derrière la mousse

Depuis 2021, Stéphane Deleville brasse seul à la brasserie des Cottereaux, à Gaillon en Normandie. Entre respect de la tradition et petites touches d’innovation, il élabore des bières locales aux saveurs variées. De la sélection des ingrédients à la fermentation, chaque étape reflète son travail et sa passion, offrant aux amateurs des bières sincères et accessibles.

Aux origines de la Brasserie des Cottereaux

« La Brasserie des Cottereaux, je l’ai lancée début 2021, glisse Stéphane. Au départ, c’était juste un projet d’activité secondaire à côté de mon emploi salarié ». L’idée lui est venue pendant le confinement, quand il brassait régulièrement sur sa cuve de brassage Grainfather. En 2022, après une rupture conventionnelle, c’est devenu son activité principale. « Dès le début, j’ai voulu que la brasserie s’ancre dans le réseau local, ajoute-t-il. Mon malt vient de Normandie et j’ai tissé des partenariats avec des acteurs de Gaillon et des alentours. »

Un parcours atypique entre science et artisanat

Son parcours est assez varié. « Je suis ingénieur de formation et j’ai poursuivi avec une thèse en océanologie, enchaîne Stéphane. Après mes recherches, j’ai travaillé dans le développement logiciel au sein d’un grand groupe français, puis dans une start-up ». Il a aussi fait du consulting dans le domaine énergétique avant de finir sa carrière salariée dans un groupe de BTP. Depuis quatre ans, il est indépendant. « J’ai lancé la Brasserie des Cottereaux et développé en parallèle une activité de conseil

Le déclic brassicole venu du confinement

« Je suis originaire du Nord, à deux pas de la Belgique, ça joue forcément. Mais, le vrai déclic est venu pendant le confinement, témoigne Stéphane. J’ai eu envie de lancer une activité locale à Gaillon. En brassant, je me suis aperçu que mes bières plaisaient à mes proches et à mes amis. » Il trouve également avec cette activité le plaisir de créer, d’expérimenter, de chercher ce goût juste et des sensations. Et puis, cela lui a rappelé la bonne bière de ses années étudiantes dans le Nord. Au départ, son idée était simple. Stéphane recherchait une activité secondaire qui lui permettrait de créer enfin sa propre entreprise, un projet qu’il portait depuis longtemps.

Pourquoi ce nom chargé d’histoire ?

Quelques semaines sont nécessaires pour trouver le nom. « Avec mon épouse, on voulait quelque chose qui fasse écho au château de Gaillon, le tout premier château Renaissance de France, raconte le brasseur. En fouillant son histoire, j’ai découvert son rôle au Moyen Âge, quand Philippe Auguste a conquis la Normandie. Il avait réussi à rallier à sa cause les Cottereaux, des mercenaires gallois venus avec Richard Cœur de Lion. »

C’est comme ça que le nom s’est imposé. Pour rester dans cet esprit historique, les deux premières bières s’appelaient la Joyeuse et la Précieuse. Joyeuse, c’est l’épée de Charlemagne, celle utilisée pour le sacre des rois de France jusqu’à Charles X. Et dans la Chanson de Roland, l’ennemi de Charlemagne dit : « Si l’épée des Français est Joyeuse, la nôtre est Précieuse ». Plutôt que de m’en tenir aux noms d’épées, j’ai choisi une autre règle du jeu : toutes mes bières portent des adjectifs en « -euse ». Des noms simples, positifs, et qui racontent aussi quelque chose.

La gamme de la Brasserie de Cottereaux est déjà riche et variée

La gamme actuelle brassée par Stéphane comporte 10 bières permanentes et une éphémère.

  • La Précieuse, blonde
  • La Joyeuse, bière ambrée,
  • La Lumineuse, blanche,
  • La Fameuse, IPA,
  • la Chaleureuse, harvest ale avec du houblon planté à Gaillon,
  • L’Audacieuse, double ambrée (médaille d’or dans sa catégorie au salon de Lyon 2025),
  • La Ténébreuse, brune au malt fumé,
  • La Gracieuse, blonde à l’hibiscus (ou plutôt bissap au houblon),
  • La Butineuse, triple au miel,
  • La Frileuse, bière de Noël,
  • Etc.

La Mystérieuse, dont la recette change, est son éphémère produite en fonction des demandes des clients.

Des recettes 100 % maison et en circuits courts

À la brasserie, Stéphane est seul à bord. « Je fais tout moi-même, raconte-t-il sans détour. Les recettes, la stratégie, la commercialisation… même le site internet, c’est moi. Depuis le départ, j’ai voulu donner une identité locale forte à mes bières. » Sur les banderoles de marché ou sur son camion, on peut lire “Brasserie locale” et non pas “Artisanale”. C’est un choix assumé.

Le malt, par exemple, vient de Normandie Malt à Bayeux. Dès leurs débuts, Stéphane préfère travailler avec cette entreprise basée près de Bayeux (14), même si leur offre était plus restreinte que celle des gros acteurs. « Ça me tenait à cœur de les soutenir. J’ai aussi monté un partenariat avec le maraîcher bio de Gaillon, “Les légumes du château”, et c’est avec lui que j’ai développé la Chaleureuse, une bière brassée avec le houblon que nous cultivons ensemble ». Plus récemment, il a lancé la Butineuse, une triple au miel. Là encore, on reste en circuit court, avec l’Ile aux Abeilles, un apiculteur de Val-de-Reuil, à vingt minutes de la brasserie.

Un regard lucide sur la bière artisanale en France

Le marché devient compliqué. Beaucoup de brasseries ferment et il faut sans cesse inventer de nouveaux produits ou organiser des événements pour attirer les clients. C’est un métier passionnant, mais aussi très physique, usant parfois. « Les brasseries artisanales de taille moyenne ont du mal à rivaliser avec les mastodontes, remarque-t-il. À l’inverse, les petites brasseries de “village” s’en sortent mieux, mais souvent au prix d’une deuxième activité à côté, parce que les volumes restent trop limités pour suffire à eux seuls. »

Coup de cœur et moments de partage

Dernièrement Stéphane a eu un coup de cœur à l’occasion du brassage de la Butineuse, une triple au miel de l’Ile aux Abeilles. « Le projet de François et Patricia, apiculteurs installés à Val-de-Reuil (20 minutes de Gaillon) correspond à ma philosophie. Faite un peu dans l’urgence pour avoir un produit en début d’été, j’y suis allé complètement à l’instinct, avoue Stéphane. N’empêche, le résultat est très apprécié ! »

Et en parallèle, l’espace de dégustation qu’il a installé devant la brasserie lui permet d’accueillir ses clients. « Boire mes bières avec eux, c’est important car ils me donnent leur retour en direct. Je peux aussi partager avec eux mes « secrets » de fabrication. C’est vraiment une belle récompense. »

« Faire des bières originales »

« Je n’ai pas la prétention de me distinguer, confie Stéphane. J’essaie juste de faire des bières originales, aux goûts variés, du classique au surprenant (avec des épices comme l’hibiscus, le poivre timut, les baies de genièvre) ». Toutefois, toutes les étiquettes de ses bouteilles sont identiques, seule la couleur change en fonction du type de bière.

Projets de la Brasserie de Cottereaux

Stéphane annonce qu’« après la création de ma terrasse avec des canapés en palette, faits maison, afin que les clients puissent se poser et discuter, j’aimerais à terme créer un mini-club de passionnés pour définir les recettes de bières que l’on dégustera en pression, en plus de la gamme standard ».

L’artisan brasseur a également suivi une formation sur les boissons sans alcool à l’IFBM afin de développer cette gamme à l’avenir. « Je vais également développer mon parc de fûts qui est trop petit à présent afin de fournir plus facilement des professionnels (traiteurs, bars) ou des évènements type mariage ». Ça mousse à Gaillon.

La vente d’alcool est interdite aux mineurs.
N’oubliez pas que l’abus d’alcool est dangereux pour la santé.
À consommer avec modération.

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